Ce mercredi 1er avril , Jean Bricmont animera
plusieurs débats sur la "liberté d'expression" à l'UFR 1 de l'Université de Grenoble.
Depuis longtemps, Jean Bricmont est
plus connu pour ses affinités avec l'extrême-droite antisémite que
pour ses travaux universitaires. Bricmont est en effet de ces
polémistes à qui la mouvance antisémite ouvre toujours ses
colonnes : il suffit de chercher ce qu'il pense du négationnisme
sur Google pour tomber sur un long entretien donné à Silvia Cattori, de la mouvance dieudonniste et soralienne ou mieux encore
sur une de ses lettres à Paul Eric Blanrue, l'hagiographe du
négationniste Faurisson. Lettre où Jean Bricmont tutoie
« amicalement » (ce sont ses termes) celui qu'il nomme
affectueusement « Cher Paul Eric ». De fait, entre Paul Eric Blanrue et Jean Bricmont, il y a un point commun ancien: les deux sont d'ardents "zététistes", et c'est d'ailleurs une association également "zététiste" qui invite aujourd'hui le second. En France, Blanrue a co-fondé le cercle zététique et animé celui-ci sans que ses prises de positions royalistes et sa collaboration avec des journaux d'extrême-droite ne fassent problème avant le milieu des années 2000.
Quant au contenu des entretiens et
lettres ouvertes de Jean Bricmont sur des sites d'extrême-droite, il ne laisse guère
de place à l'ambiguïté concernant ce que Jean Bricmont pense des
négationnistes. Mr Bricmont reconnaît ainsi un « grand
courage » aux révisionnistes, comme il dit. Quel courage en
effet que celui consistant à nier l'assassinat de millions de gens
par des génocidaires , et à insulter les survivanTes de ce
génocide....
Quant à son avis réel sur les thèses
négationnistes, il est transparent : en effet, Bricmont, bien
loin de respecter une soit-disant « neutralité »,
emploie constamment les mots-clefs de la rhétorique antisémite et
négationniste : pour lui les lois protégeant les
victimes des génocides et leur mémoire constituent par exemple une
« propagande de guerre », une « sacralisation »
, une « diabolisation de l'ennemi ». Le négationnisme
est une forme d'antisémitisme parmi les plus violentes : il
s'agit en effet d'accuser les victimes d'avoir inventé les crimes et
donc de les désigner comme les bourreaux « véritables ».
Dans ce contexte prétendre que les lois contre le négationnisme
sont de « la propagande de guerre » et de la
« diabolisation de l'ennemi » ,n'est évidemment pas
autre chose que soutenir le mensonge négationniste.
D'ailleurs comme tous les
propagandistes de l'extrême-droite, Mr Bricmont farouche défenseur
de la liberté d'expression des néo-nazis, ne trouve par contre
jamais à redire contre les dictateurs comme Assad ou Khadafi,
"victimes innocentes de l'Occident, dominé par Israël".
La prose de Jean Bricmont n'a donc rien
d'extraordinaire, ni d'innovant au regard de celle de ses amis
ouvertement d'extrême-droite, comme Paul Eric Blanrue.
Mais son prestige de scientifique et d'"intellectuel"
lui permet d'être invité à l'université par ses pairs.qui
défendent cette invitation au motif que Mr Bricmont dénoncerait le
« délit d'opinion chez les négationnistes comme chez les
autres ». Du moins, c'est la réponse qui a été faite par l'Université sur son compte Facebook . Voici donc le négationnisme intronisé par la
direction d'une université comme une opinion parmi d'autres, ni
plus, ni moins....et l'Université serait donc un lieu qui n'aurait
pas à trancher entre diverses « opinions », qui se
valent toutes.
On voit là tout l'objectif qui se
dissimule derrière la volonté d'abolir les lois antiracistes, et
parmi elles, celles qui condamnent une des formes pernicieuses de la
propagation de la haine, le négationnisme. Il s'agit bien de mettre
au même niveau la recherche historique et le mensonge le plus
éhonté, la charlatanerie et la science. Au nom du droit à « douter
de tout », l'objectif des Bricmont et consorts n'est jamais que
la destruction de la raison au profit des thèses les plus
délirantes, sans aucun début de preuve. Dans le monde
merveilleux de la liberté d'expression totale, tout ne sera
qu'opinions, la parole de l'historien mise au même niveau que celle
du négationniste, l'expérience de la victime au même niveau que le
mensonge du bourreau.
Evidemment, ce nivellement par le bas
aboutit dans les faits à la domination des faussaires et de
l'extrême-droite. Ainsi l'Université de Grenoble fait de Jean
Bricmont un invité d'honneur qui a le libre choix de son
intervention mais prévient d'éventuels contradicteurs : ne
seront admis que ceux qui respecteront devant le Maître « la
rigueur argumentative que nécessite un tel débat ».
Bref, celui qui défend la liberté
inconditionnelle d'expression des négationnistes, dont on cherchera
en vain la « rigueur argumentative », est à la tribune,
mais dans les gradins, chacun est prié de mesurer ses mots s'il
souhaite s'exprimer.
Evidemment, les antiracistes n'ont rien
à faire dans un « débat » avec un polémiste qui donne
du « cher ami » aux antisémites comme Paul-Eric Blanrue,
et qui s'épanche à longueur d'année dans les médias
d'extrême-droite.
La seule question posée par
l'invitation faite à Jean Bricmont est celle de la banalisation des
défenseurs des néo-nazis négationnistes au sein de ce qui est
censé être un lieu de savoir et de culture.
Le négationnisme n'est pas une
opinion, c'est une oppression directe des victimes de racisme et
d'antisémitisme, et l'Université n'a pas à être le relais de ses
propagandistes à peine masqués.
C'est pourtant ce qui se passe
aujourd'hui à Grenoble.
Vous pouvez protester en
transmettant ce texte ou le vôtre à la direction de l'Université.
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