C'est une invention de l'extrême-droite, mais qui a tendance à se répandre : le soit-disant "racisme anti-blanc". Certaines associations antiracistes ont d'ailleurs repris ce concept, notamment le MRAP dans la défense en 2010 d'un couple de Perpignan, dont l'un des membres est un militant de l'extrême-droite catholique.
L'association AGRIF, tendance chrétienne intégriste, et dont le président (Bernard Antony) est un ancien député FN, avait porté plainte contre un livre et un clip intitulés "Nique la France". Les deux auteurs étaient donc inculpés aux motifs d' « injure publique » et de « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe. »
Le tribunal a estimé le 19 mars 2015, selon ce qu'en rapporte l'AFP, que la notion de racisme anti-blanc "ne recouvre aucune réalité légale, historique, biologique ou
sociologique", que "la blancheur ou la race blanche" n'est "en aucune
manière une composante juridique de la qualité des Français" et que "les
Français blancs dits de souche ne constituent pas un groupe de
personnes" au sens de la loi de 1881 sur la liberté de la presse.
Pour comprendre ce jugement, il faut avoir une définition correcte de que l'on appelle racisme.
Le racisme est un phénomène social, il implique des
rapports collectifs particuliers, économiquement, politiquement. Le racisme comporte notamment des aspects d'oppression (étatique, culturelle) et d'exploitation économique d'une ou plusieurs minorités.
Il est important de souligner cette dimension sociale.
Oui, un « Blanc », un "Français de souche" peut se faire traiter de fromage
blanc ou ponctuellement être en minorité numérique. Mais cela ne conduira pas à
ce qu’il soit contrôlé au faciès par la police ; à ce qu’il se voit refuser, parce qu'il est blanc,
l’entrée d’une boite de nuit ou un logement ; ni à ce qu’il soit en butte, parce qu'il est blanc, à des
tracasseries administratives pour refaire sa carte d’identité. Ni à ce qu’on
questionne, parce qu'il est blanc, la légitimité de sa citoyenneté française ou son
« intégration ». Ses seuls nom ou couleur de peau ne donnent pas lieu à des discriminations.
Le racisme est une notion qui a émergée de réalités historiques : la colonisation des Amériques, de l'Afrique, de grandes parties de l'Asie et de l'Océanie, et les luttes qui ont été menées pour l'égalité et l'indépendance; l'émigration vers l'Europe et la poursuite de politiques et de modes de fonctionnement racistes, dans l'embauche, le traitement médiatique, etc...
Or ces réalités historiques et contemporaines, ce sont l'esclavage pour les Noirs, le statut des indigènes en Algérie, ce sont les boulots les plus durs et les conditions de logement les plus dégradées pour les immigrés en France, ce sont les liens faits en permanence entre origine maghrébine ou africaine et délinquance.
Les divisions qu'opère le racisme ne sont pas les seules à exister, elles se croisent et se superposent avec celles nées de l'exploitation capitalisme, avec le sexisme et l'homophobie (et donc une vision viriliste), avec le nationalisme et la xénophobie.
Mais en invalidant la notion de "racisme anti-blanc", la justice a remis quelques pendules à l'heure.
Reste encore du chemin à parcourir, pour faire condamner les auteurs de violence racistes, y compris ceux qui agissent dans le cadre des institutions, faire disparaître les tribunes des propagandistes de haine, combattre l'antisémitisme et l'islamophobie.
Un chemin qui passe notamment par les luttes communes et le refus des identités assignées et figées, d'où qu'elles viennent.
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