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mercredi 29 septembre 2021

Il y a 80 ans: 33700 Juives et Juifs assassiné-es à Babi Yar


                                     

                                                           Le ravin de Babi Yar

 Le 19 septembre dernier, lors du rassemblement organisé par le Réseau d'Actions contre l'Antisémitisme et tous les Racismes ( RAAR), les intervenants de Memorial 98 ont débuté leur prise de parole par ces mots: 

"Dans 10 jours, le 29 septembre, aura lieu le 80e anniversaire du premier grand massacre de la Shoah

Le 29 et 30 septembre 1941, trente-trois mille sept cents Juifs et Juives ukrainiens de tous âges furent tués par les nazis au lieu-dit du ravin Babi Yar à proximité de Kiev. 

Ce massacre, réalisé par fusillade,  est le plus important de cette première phase de la Shoah; il dépasse même les chiffres des tueries quotidiennes dans les camps de la mort.

 Et il y a des gens qui osent se coller des étoiles jaunes sur la poitrine ?  Comment ne pas hurler face à cette négation ? ..." 

 La vidéo complète de ce rassemblement est à voir ici

 

 
Il y a 80 ans jour pour jour débutait en effet l'une des plus grands massacres de la Shoah. Il demeura longtemps camouflé par Staline et ses acolytes, afin d'en atténuer la portée spécifique d'extermination génocidaire et antisémite des Juifs. Staline interdit d'ailleurs la parution du " Livre noir de l'extermination des Juifs  en URSS et Pologne" rédigé par Vassili Grossman  et Ilya Ehrenbourg. Il fit ensuite assassiner les animateurs du Comité Antifasciste Juif et d'inventer le  prétendu complot antisémite des Blouses Blanches 
 


Alors que les antisémites ont  relevé la tête à l'occasion de la crise sanitaire et que Zemmour mène une campagne fortement antisémite et négationniste, la mémoire  
 
Le 29 et 30 septembre 1941, trente-trois mille sept cents Juifs ukrainiens de tous âges et des deux sexes ont été tués par les nazis au lieu-dit Babi Yar (le «ravin de la vieille femme» en russe) à proximité de Kiev. 

Ce massacre est le plus important de cette première phase de la Shoah; il dépasse même les chiffres des tueries quotidiennes dans les camps de la mort.

Ce crime de masse survient dix jours après l'entrée des troupes nazies dans ce qui était alors la capitale de l'Ukraine soviétique. La ville de Kiev comptait 900.000 habitants, dont environ 120.000 Juifs .

Ces derniers ont été convoqués par les autorités allemandes à Babi Yar le 28 septembre, veille cette année là de la grande fête juive de "Yom Kippour"  et menacés d'exécution sur place en cas de désobéissance. 

Croyant d'abord à un départ vers un camp quelconque, les Juifs sont immédiatement conduits par groupes de dix vers le bord du ravin, obligés de se dévêtir et massacrés à la mitrailleuse. Les rescapés de ce premier massacre vont être tués à leur tour et jetés dans le ravin au cours des mois suivants, au rythme de deux jours de tuerie par semaine.


Le site de Babi Yar a été jusqu'en 1943 le théâtre d'exécutions massives: jusqu'à 100.000 personnes y ont été tuées, parmi lesquelles des Juifs, des Roms, des combattants de la résistance et des prisonniers de guerre soviétiques.

Après la guerre, la mémoire de ce début de la Shoah fut longtemps masquée.

Le carnage des 29 et 30 septembre 1941 a certes été révélé lors des grands procès de Nuremberg en 1946, mais les dirigeants de l'URSS, dont l'Ukraine faisait  alors partie, ont toujours cherché à minimiser ce drame, pour ne pas avoir à admettre que les victimes étaient juives. 

En effet, les autorités soviétiques staliniennes niaient et dissimulaient le caractère antisémite des exactions nazies, ajoutant ainsi une occultation au génocide lui-même. 
Dans le cas de Babi Yar , les victimes juives étaient présentées comme des « citoyens soviétiques pacifiques » sans mention de leur judéité et de l'acharnement des nazis contre elles.  
Pendant des décennies, les rassemblements de commémoration furent interdits dans le ravin.
La publication en 1961 du poème  "Babi Yar" , du poète  russe contestataire Evgueni Evtouchenko, fit l'effet d’un choc salutaire, car il proclamait que les victimes étaient  exterminées parce que juives et il évoquait les pogroms en Russie. 

Le poème débute ainsi : 

" Non, Babi Yar n'a pas de monument.
Le bord du ravin, en dalle grossière.
L'effroi me prend.
J'ai l'âge en ce moment
Du peuple juif. Oui, je suis millénaire.
Il me semble soudain-
l'Hébreu, c'est moi, ..."

En 1966, les autorités soviétiques érigèrent sur place un monument qui passait encore sous silence les victimes juives. 
Ce n’est qu’en 1991, après la chute de l'URSS, que le gouvernement ukrainien autorisa la création d'un monument spécifique à ces victimes. Ce monument fut inauguré 10 ans plus tard, en septembre 2001, soit soixante ans après les faits. Le débat sur la mémoire de Babi Yar se poursuit comme le montre ce dossier de Lisa Vapné  .
 
Le sort de la symphonie n°13, du compositeur Chostakovitch, sous titrée Babi Yar, illustre la censure.

La symphonie, créée le 18 décembre 1962 à Moscou, présente des poèmes de Evtouchenko sur le massacre, ainsi que d'autres textes sur la Shoah. La symphonie fut composée alors que la censure triomphait en Union soviétique et Krouchtchev au pouvoir menaça de stopper l'exécution de l'œuvre. D'ailleurs en 1965 Evtouchenko fut contraint de réécrire la première strophe de son poème pour proclamer que des Russes et des Ukrainiens non juifs avaient péri aux côtés des Juifs à Babi Yar. La partition avec le texte original a été à nouveau publiée en 1970.

Chostakovitch avait confié à son ami Solomon Volkov :

"... Il serait temps que les Juifs puissent vivre heureux et en paix là où ils sont nés: en Russie. On ne devrait jamais oublier la dangerosité de l'antisémitisme, et nous devrions continuer à faire de la prévention, parce que cette infection est toujours en vie, et qui sait si un jour elle disparaîtra.

C'est d'ailleurs pourquoi j'ai été réjoui, lorsque j'ai lu le texte de Babi Yar : le poème m'a surpris. Et il a surpris des milliers de gens : beaucoup avaient entendu parler de Babi Yar, mais c'est avec le texte, écrit par Evtouchenko, qu'ils s'en sont vraiment rendus compte. Beaucoup avaient essayé de détruire la mémoire de Babi Yar, d'abord les Allemands eux-mêmes, puis le gouvernement ukrainien (soviétique/stalinien); mais ce texte est devenu une preuve même que ce qui s'est passé à Babi Yar ne sera jamais oublié. Voilà une preuve de la puissance de l'art.

Les gens savaient ce qu'il s'était produit à Babi Yar, même avant le poème de Evtouchenko, mais ils ont décidé de se taire. Le texte de cette symphonie a brisé le silence. L'art détruit le silence."

La création de l'œuvre de Chostakovitch fut mouvementée, en raison de multiples blocages et sabotages organisées par le pouvoir jusqu'à la représentation elle-même. Lorsque chœur, soliste et chef arrivèrent  sur scène et prononcèrent les premiers vers de Babi Yar, le public fut frappé de plein fouet. À la fin de la symphonie, le succès fut énorme et le public acclama le compositeur.

L'exécution de Babi Yar s'est déroulée le jour de la fête la plus importante du calendrier juif, Yom Kippour. 

Les nazis, dans leur rage antisémite, utilisaient souvent les dates des fêtes religieuses juives afin de procéder à des persécutions particulières.

Ni oubli, ni pardon: la mémoire des crimes du nazisme inspire nos combats

 

Memorial 98 

Articles de Memorial 98 en rapport:

http://info-antiraciste.blogspot.com/2020/08/la-nuit-des-poetes-juifs-assassines-le.html 

 http://www.memorial98.org/article-liberation-d-auschwitz-70-ans-apres-les-images-temoignent-125439876.html 

 http://info-antiraciste.blogspot.com/2021/09/rassemblons-nous-le-19-septembre-contre.html

 http://info-antiraciste.blogspot.com/2021/07/shoah-etoile-jaune-rafle-du-vel-dhiv.html

 http://info-antiraciste.blogspot.com/2021/08/le-camp-de-drancy-symbolise-la-shoah-et.html

 http://www.memorial98.org/article-zemmour-rehabilite-petain-pour-qui-pourquoi-124774288.html

 


 

 

dimanche 5 septembre 2021

Rassemblons nous le 19 septembre contre l'antisémitisme.


 Rassemblement de protestation le dimanche 19 septembre - 16 h 00 - Place Baudoyer ( Mairie du 4e Métro Hôtel de Ville), - Paris

 Appel du RESEAU D’ACTIONS CONTRE L'ANTISEMITISME ET TOUS LES RACISMES (RAAR) soutenu par Memorial 98 


 

Nous appelons à diffuser largement l'appel unitaire ci-dessous et à mobiliser pour l'échéance du 19 septembre.

"La pandémie du Covid a déjà donné lieu à une déferlante antisémite et complotiste. Dès avril 2020, Soral avait ainsi  publié une liste de patronymes de médecins et responsables politiques à consonance juive, en la qualifiant de « liste de  Schindler » 

On assiste actuellement à une nouvelle vague de cette propagande. Elle prend la forme de l’assimilation de la  vaccination et du pass sanitaire à la Shoah.

Des étoiles jaunes sont brandies par des opposants à la vaccination. On  condamne un « pass nazitaire » et on le compare à l’inscription sinistre du portail d’Auschwitz.


 

Les propos et actes  antisémites ont explosé dans et hors des manifestations récentes, notamment ceux désignant des  personnalités juives comme responsables de la situation sanitaire, sous forme directe et explicite, ou par l’utilisation du  terme antisémite codé « Qui ? », lequel cherche à stigmatiser les Juifs-ves qui seraient à la fois les responsables et les  bénéficiaires de la pandémie. 

La stèle de Simone Veil à Perros-Guirec a été souillée et profanée à plusieurs reprises,  ce contre quoi un rassemblement unitaire a protesté le 20 août; le local parisien de l’Union syndicale Solidaires a  également été l’objet de tags racistes et fascistes.  

Les partisans de l’extrême-droite sont au premier rang de cette campagne. Il s’agit notamment de Florian Philippot,  ancien porte-parole de Marine Le Pen, chef auto-proclamé de l’opposition à toute précaution face au Covid. Mais les  propos et discours antisémites sont tolérés bien au-delà. Le débat légitime sur le contenu des mesures sanitaires et  l’appréciation de la politique gouvernementale est détourné au profit de théories du complot totalement  réactionnaires.  

Face à cette situation, il est nécessaire et urgent que les antiracistes se manifestent et condamnent fermement et sans  ambiguïté ces manifestations de haine et de complotisme, dont on connaît les liens profonds avec  l’antisémitisme. Non, les Juifs-ves n’empoisonnent pas les puits ni ne sont les grands bénéficiaires de l’épidémie en  cours. L’accusation séculaire qui les cible continue à les stigmatiser comme porteurs d’un complot mondial visant à  déposséder les peuples. Il est temps de condamner fermement cette idéologie meurtrière qui a déjà conduit à de  nombreux massacres. Il en va d’une nécessaire clarté politique, car le complotisme antisémite constitue un véritable  poison pour le mouvement social, la gauche, l’émancipation et toute analyse critique de la société. Consentir à  cette confusion, c’est ouvrir la voie à l’extrême-droite, comme l’histoire en a témoigné à de nombreuses reprises.  

Nous souhaitons ainsi alerter les organisations syndicales, associatives, politiques qui se réclament du progrès social  sur le fait qu’il n’est pas possible de rester passifs face à des manifestations où l’antisémitisme s’exprime de manière  récurrente. Nous devons faire front ensemble contre le danger antisémite et refuser de cautionner la confusion et le  complotisme.  

C’est pourquoi nous appelons toutes celles et ceux qui rejettent l’antisémitisme et toutes les formes de racisme à se  rassembler avec le RAAR et les autres organisations soutenant cette démarche sur la Place Baudoyer ( Mairie du 4e Métro Hôtel de Ville), à  Paris le dimanche 19 septembre 2021 à 16h, dans le respect des règles sanitaires. 

Le RAAR appelle toutes les associations et organisations antiracistes, les organisations syndicales et les partis démocratiques à se joindre dès maintenant à cet appel et à participer aux rassemblements organisés à Paris et  dans différentes villes et localités."

Ce rassemblement est déjà soutenu par ( premiers signataires) l'Union Syndicale Solidaires, la FSU, le Collectif Cases rebelles,  la Jeune Garde, l'UCL, l'Union des Juifs pour la résistance et l'entraide ( UJRE) la LDH, Attac-France, la Fondation Copernic...  


  MEMORIAL 98

 

Articles de Memorial 98 en rapport: 


http://info-antiraciste.blogspot.com/2021/08/appel-laction-contre-la-vague-de.html 

  

 
 
 


vendredi 13 août 2021

Appel à l’action contre la vague de propagande antisémite, toujours plus présente.

 

Déclaration d'alerte du RAAR, à laquelle Memorial 98 s'associe pleinement,  avec un appel à la diffuser le plus largement possible.

 

Communiqué du Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR) du 13 août :
Appel à l’action contre la vague de propagande antisémite, toujours plus présente
 
Le 19 juillet dernier, le RAAR publiait le communiqué suivant :
"La pandémie du Covid a déjà donné lieu à une déferlante de propagande antisémite et complotiste.
On assiste actuellement à une nouvelle vague de cette propagande. Elle prend la forme de l'assimilation de la vaccination et du pass sanitaire à la Shoah. Des étoiles jaunes sont brandies par des opposants organisés à la vaccination.
 On condamne un "pass nazitaire" et on le compare à l'inscription sinistre du portail d'Auschwitz. Des dizaines de milliers de personnes défilent dans ce cadre.

 
Les partisans de l’extrême-droite sont au premier rang de cette campagne. 
Il s’agit notamment de Florian Philippot, ancien porte-parole de Marine Le Pen, chef auto-proclamé de l'opposition à toute précaution face au Covid.
Mais cette manipulation, qui revient à minimiser et banaliser le génocide des Juifs, frappe bien au delà des rangs de l’extrême-droite.
Le débat légitime sur le contenu des mesures sanitaires et l’appréciation de la politique gouvernementale est détourné au profit de théories complotistes totalement réactionnaires et porteuses de lourds dangers négationnistes et antisémites.
C’est un mouvement mondial, comme l’ont montré les campagnes du même type aux États-Unis sous l'égide de mouvements complotistes comme QAnon et en Allemagne.
Le Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR) condamne avec force cette propagande antisémite.
Il appelle toutes les organisations antiracistes, les syndicats et les partis de gauche à faire front ensemble contre ce danger et à refuser de cautionner les manifestations et rassemblements qui se déroulent sous le signe de la confusion et du complotisme. "
Depuis, la situation s’est considérablement aggravée.
Les propos et actes antisémites ont explosé dans et hors des manifestations, notamment celles désignant des personnalités juives comme responsables de la situation sanitaire, sous forme directe et explicite, ou par l’utilisation du terme antisémite codé « Qui ? ». 
 
Le cas de Metz ( Cassandre Fristot) est symbolique.

La stèle de Simone Veil à Perros-Guirec a été souillée et profanée à plusieurs reprises ( ci-dessous).
 
 

De nombreux graffitis associent des croix gammées, des étoiles juives et le symbole « Qui ? ».
Le local parisien de l’Union syndicale Solidaires a également été l’objet de tags racistes et fascistes.
D’autres incidents inquiétants se produisent, au cours desquels des responsables syndicaux semblent s’accommoder de la présence de dirigeants locaux du RN, et vont jusqu’à favoriser leurs prises de parole.
Face à cette situation, il est nécessaire et urgent que les antiracistes se manifestent et condamnent fermement et sans ambiguïté ces manifestations de haine et de complotisme, dont on connaît les liens profonds avec l’antisémitisme.
Nous souhaitons alerter certaines organisations syndicales, associatives, politiques qui se réclament du progrès social sur le fait qu’il n’est pas possible de participer à des manifestations où l’antisémitisme s’exprime de manière récurrente sans qu’il suscite de réprobation. Il est plus que jamais nécessaire d’affirmer clairement un engagement de lutte contre le racisme et l’antisémitisme.
Cet engagement à l’action devrait prendre dès maintenant la forme d’une déclaration publique en vue de préparer des initiatives unitaires autour de ce thème.
Attaché à l’action la plus large possible, le RAAR prendra de toute manière ses responsabilités.
Ne laissons passer impunément des actes et propos racistes et antisémites !
 
Vendredi 13 août 2021
 
Articles de Memorial 98 en relation: 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

dimanche 16 juillet 2017

Rafle du Vel' d'Hiv': en mémoire du combat contre le nazisme.


       
                                       Les autobus de la rafle devant le Vel' d'Hiv'
  






«Vent printanier»: ce fut le nom de code imaginé pour la plus vaste opération d'arrestations de Juifs pendant la Seconde guerre mondiale en France et pour laquelle le régime de Vichy avait mobilisé la police française.

D'autres rafles avaient précédé celle-ci, dont celle du 20 août 1941. 

Puis le 7 juin 1942, le port de l'étoile jaune entre en vigueur pour les Juifs de la zone occupée et ce dès l'âge de 6 ans. Il s'agit ainsi pour les nazis de désigner et stigmatiser la population juive.





  
Les 16 et 17 juillet 1942, à Paris 12884 Juifs sont arrêtés par la police française jusqu'à la fin de l’opération le 17 juillet à 13 h. Les fiches des « absents » lors de la rafle restent dans les commissariats et des équipes spéciales font des visites régulières pendant plusieurs semaines, comme l'indique l'historien Laurent Joly dans son livre " L' État contre les Juifs" 
  
Au total le nombre de raflé.e.s jusqu'au 20 juillet est de 13152.  Cette rafle se fait à la demande des nazis, avec l'accord du gouvernement de Pétain et Laval.

                                 Le terrible bilan de la Préfecture de Police de Paris



1129 hommes, 2916 femmes et 4115 enfants sont enfermés dans l’enceinte sportive du Vélodrome d’Hiver. Les conditions sont effroyables, comme en témoignent les rescapé.e.s

Dans ce qui fut un enfer et une antichambre de la mort, il faut rendre hommage à des personnes qui ont montré leur humanité et leur détermination dans l'enceinte du Vel d'Hiv. Il s’agit bien sûr des infirmières et assistantes sociales qui se sont engagées dans l’aide  aux internés, mais aussi des pompiers du capitaine Pierret.
Ils étaient une demi-douzaine de pompiers a peine ; ils ont passé des heures à distribuer de l’eau et recueilli à eux seuls des centaines de messages qu’ils sont allés poster incognito le lendemain depuis des points différents de Paris pour ne pas éveiller les soupçons de l’administration. Pierret est aussi entré en résistance, fournissant les plans des installations militaires allemandes de Paris aux alliés.

Les raflés du Vel d'Hiv' prennent la route de l'extermination

A partir du Vel d'Hiv', les couples sans enfants et les célibataires (1989 hommes et 3003 femmes) sont internés au camp de Drancy.  
Du 19 au 22 juillet, les familles du Vél’ d’Hiv’ sont quant à elles transportées dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande (Loiret) gérés par l’administration française. Adultes et adolescents sont alors déportés en premier, par 4 convois entre le 31 juillet et le 7 août 1942.

Le sort des enfants 

Brutalement séparés de leurs parents, environ 3000 enfants en bas-âge sont laissés sur place dans une affreuse détresse. Les parents ont été rapidement déportés vers Auschwitz, alors que les nazis n’ont pas encore donné leur réponse quant au sort des enfants. 
La période durant laquelle les enfants internés dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande ont vécu séparés de leurs parents déjà déportés est décrite par les témoins comme un des moments les plus insupportables. Âgés de 2 à 15 ans, ceux-ci restent seuls durant plusieurs semaines.Désorientés par l’absence de leurs parents et vivant dans des baraques inadaptées à la présence d’enfants, ils vivent dans des conditions d’hygiène catastrophiques. Huit d'entre eux meurent durant cette période.
 
Le 13 août 1942, les services d’Eichmann décident que les enfants doivent également être déportés: ils sont alors transférés vers Drancy et, de là, embarqués dans les convois partant pour Auschwitz entre le 17 et 31 août 1942. Aucun d’entre eux n’est revenu.

La responsabilité écrasante du régime de Vichy dans les déportations des Juifs est restée longtemps un sujet tabou, y compris sous la présidence de François Mitterrand qui faisait fleurir chaque année la tombe de Pétain à l’Ile d’Yeu.
Enfin, lors de la cérémonie commémorative de la rafle du Vel d'Hiv en juillet 1995, Jacques Chirac reconnut publiquement que les autorités françaises avaient accompli l’irréparable en déclarant notamment : «Manquant à sa parole, elle (la France) livrait ses protégés à leurs bourreaux.»
Une partie de la droite a rejeté cette prise de position, soit ouvertement , soit en attaquant la « repentance » comme Sarkozy à plusieurs reprises, soit en défendant ouvertement Pétain comme Eric Zemmour
 
Marine Le Pen a été bien au delà, en déclarant à deux semaines du premier tour de la présidentielle de 2017 : « Je pense que la France n’est pas responsable du Vél’ d’Hiv’ ». Il s’agissait manifestement d'un choix stratégique, car elle redoublait ainsi le propos identique de Florian Philippot tenu quelques jours auparavant

Dans l’émission « Le Grand Jury RTL-LeFigaro-LCI » du 9 avril, le journaliste Olivier Mazerolle l’a interrogée sur son programme prônant « la promotion du roman national et le refus de repentance ». Il lui a demandé si Jacques Chirac avait eu tort de prononcer son discours de 1995 sur le Vél’ d’Hiv, dans lequel il avait reconnu la responsabilité de la France.  « Je pense que la France n’est pas responsable du Vél d’Hiv' », a-t-elle répondu, se plaçant ainsi en opposition à cette reconnaissance. 

La justification de la chef frontiste se dévoila ensuite, lorsqu’elle poursuivit dans une argumentation manifestement très  préparée:  « …  La France a été malmenée dans les esprits depuis des années. En réalité, on a appris à nos enfants qu’ils avaient toutes les raisons de la critiquer. De n’en voir que peut-être que les aspects historiques les plus sombres. Je veux qu’ils soient à nouveau fiers d’être Français. »

La diatribe de la chef frontiste a fait ressurgir en pleine lumière non seulement la continuité antisémite du FN mais également l’histoire originelle de ce parti, dont nombre de fondateurs étaient issus de la collaboration avec les nazis. Or, lors de la rafle du Vel d’Hiv’, le parti  collaborationniste de Doriot, le PPF, a fourni plusieurs centaines de militants comme auxiliaires de la police française, afin de procéder au rafles. Le numéro 2 du PPF, Victor Barthélémy, fut un des fondateurs du FN.

16 juillet 2019

Le 77e anniversaire de la rafle du Vel' d Hiv' se déroule cette année alors quand dans de nombreux pays les antisémites et les nostalgiques du nazisme multiplient les crimes et les provocations. 

                                     Croix gammées sur le visage de Simone Veil

C'est notamment le cas aux États-Unis qui ont connu deux attentats contre des synagogues perpétrés par des suprémacistes blancs, à Pittsburgh et à San Diego. Ici même les nombreuses inscriptions et profanations antisémites se produisent alors même que les propagandistes nazis Soral et Dieudonné échappent aux peines de prison ferme auxquelles ils ont été condamnés par les tribunaux. Les parquets et procureurs les protègent. 


Les récentes campagnes du Rassemblement national/FN ont été marquées par la présence renouvelée de propos antisémites qui prolongent la longue histoire de ce parti en la matière (voir ci-dessous)
                             Imagerie antisémite diffusée par l’assistant du dirigeant RN Nicolas Bay

Nous en appelons plus que jamais au combat contre les idéologies et actes antisémites et racistes quels que soient leurs motivations et prétextes, ainsi que pour la mémoire de de tous les génocides ( voir ici et ici ) et crimes contre l'humanité.
                                     Rassemblement contre l'antisémitisme en Février 2019
   

 MEMORIAL 98


Mise à jour du 16 mai 2019: profanation au Vel' d'Hiv' d'une stèle en mémoire des enfants juifs déportés


La stèle du jardin mémorial des enfants du Vél' d’Hiv' ( ci-dessous), rue Nélaton à Paris a été vandalisée, comme l'ont découvert des habitants du quartier.

 




Des mots badigeonnés à la peinture noire

Les mots badigeonnés à la peinture noire ont été choisis avec une très grande précision et attention. Il y a le chiffre « 4 115 » des enfants exterminés qui disparaît, mais aussi le mot « extermination » dans camp d’extermination, l’adverbe « abominablement » dans « mise à mort dans des conditions abominablement cruelles », la phrase « ils furent tués en totalité ».
Le Jardin mémorial des enfants du Vél' d’Hiv', inauguré en juillet 2017, est un lieu  de souvenir dédié aux 4 115 enfants raflés par la police française de Vichy, les 16 et 17 juillet 1942, séparés de leurs parents, déportés et exterminés à Auschwitz-Birkenau.
Cette profanation suit de multiples autres graffitis et inscriptions antisémites, notamment en Alsace et quelques mois après les croix gammées tracées sur des portraits de Simone Veil.  Elle suit aussi de quelques semaines la commémoration du 75e anniversaire de la rafle des enfants juifs d'Izieu le 6 avril 1944  . 

Nos pensées pour ces enfants victimes des nazis et de leurs héritiers. 


 En 2017 la commémoration de la Rafle du Vel' d’Hiv’ avait revêtu une importance particulière :

D’une part il s’agisait du 75e anniversaire de cet événement tragique; d’autre part, en raison des déclarations scandaleuses de Marine Le Pen critiquant la reconnaissance des responsabilités françaises en la matière et enfin en raison de la polémique qui entoure la présence du premier ministre israélien Netanyahu.
        

La polémique Netanayahu
L’invitation faite au premier ministre israélien a entraîné de nombreuses réactions, y compris de la part de courants qui habituellement n’accordent aucune attention à la Shoah et à cette commémoration. Pour notre part nous considérons que Netanyahu manipule la Shoah au profit de ses intérêts politiques, comme le montre sa conduite récente à l’égard de la campagne antisémite en cours du premier ministre hongrois d’extrême-droite Orban.
Cette  campagne met  en cause George Soros, philanthrope américain d’origine hongroise et juive, l’accusant de vouloir utiliser sa fortune et les ONG qu’il soutient pour « installer un million de migrants » en Hongrie et dans l’Union européenne. 
  
Soros est la cible de tous les fascistes, complotistes et antisémites à travers le monde, en raison de son appui matériel à des ONG de défense de la démocratie, de défense des migrants, des Roms et d’autres causes du même ordre.
Le pouvoir hongrois de Viktor Orban est particulièrement violent à son égard, ainsi que l’indique le quotidien pro-gouvernemental hongrois « Magyar Idők », selon lequel George Soros serait à l’origine de tous les maux liés à l’Union européenne :  :«Il faut voir les choses en face : Le véritable président de la Commission européenne n'est autre que George Soros. Ce dernier a véritablement phagocyté l'Union européenne. Jean-Claude Juncker n’est qu’une marionnette de cette sombre figure qui tire les ficelles en coulisses. Les décisions prises par l’Union européenne et toutes les institutions doivent désormais plaire à ce vieillard infiniment malveillant, richissime et hargneux … »   
A l’initiative du gouvernement des affiches ont été collées un peu partout dans le pays avec la mention : « Ne laissez pas Soros rire et avoir le dernier mot »

Certaines sont collées sur le sol des trams et des trains, pour que les passagers le piétinent. Les responsables du judaïsme hongrois considèrent qu’il s’agit là d’une  campagne antisémite. Sur certaines photos on trouve des graffitis: « sale juif »
Andras Heisler,  président de la principale organisation juive de Hongrie, Mazsihisz, a exigé le retrait immédiat  de ces affiches car « elles attisent l’antisémitisme ». A sa demande l’ambassadeur d’Israël, Yossi Amrani a publié dans un premier temps un communiqué validé par le ministère israélien des Affaires étrangères et  déclarant notamment  « . En ce moment, au-delà de la critique politique d’une certaine personne, la campagne évoque non seulement de tristes souvenirs mais aussi la haine et la peur. » la réponse d’Orban a été négative.
Contredisant la déclaration de l’ambassadeur Netanyahu a fait publier un nouveau communiqué annulant de fait  le texte: « Israël déplore toute expression d’antisémitisme dans un pays quel qu’il soit et soutient les communautés juives partout où elles confrontent la haine. C’était le seul but du communiqué publié par l’ambassadeur d’Israël en Hongrie. Ce texte n’était nullement destiné à délégitimer les critiques formulées à l’encontre de Georges Soros, qui continuellement sape le gouvernement démocratiquement élu d’Israël en finançant des organisations qui diffament l’état juif et cherchent à lui nier le droit de se défendre »
En effet Soros finance également des ONG de défense des droits de l’homme,  qui critiquent les conséquences de l’occupation israélienne des territoires palestiniens. Il y a donc complaisance coupable de Netanayahu à l'égard d'Orban, alors que  ce dernier favorise les campagnes antisémites et compte dans son entourage de nombreux négationnistes, dans un pays qui a vu sa population juive exterminée en quelques mois en 1944
 Netanayahu est un récidiviste : il avait déjà commis des déclarations mensongères atténuant la responsabilité des nazis dans la Shoah et la reportant sur le Mufti de Jérusalem.

En revanche l'argument contre la venue de Netanayahu ne peut pas être qu’il est "étranger à une histoire française", selon l’argument nationaliste, qu'on retrouve étrangement dans des déclarations de la gauche radicale reproduisant celle de  l'UJFP.

La rafle du Vel d'Hiv n'est pas un événement "franco-français": la rafle visait à fournir des déportés pour l'extermination nazie et ceci constitue un phénomène ô combien international, de la Norvège à Rhodes et Salonique. Il y a certes a en plus une spécificité française de la collaboration de Vichy et sa reconnaissance mais il s'agit bien du  génocide  de l'ensemble des Juifs.




Dans nos combats contre contre tous les génocides et contre tous les racismes, la date du 16 et 17 juillet 1942 représente une date cruciale au cours de laquelle nous honorons la mémoire des victimes.

Lors de cette journée nous rappelons aussi les autres victimes de génocides plus récents ou plus anciens   afin que justice leur soit rendue et pour éviter de nouveaux crimes du même type.

En effet, l'impunité des auteurs de génocides et massacres représente un facteur évident de récidive et de perpétuation de ces actes criminels. C'est pourquoi, plus que jamais et en permanence,  la mémoire des génocides nourrit nos combats. 

AH


MEMORIAL 98