Islamo-fascisme? Ce mot-polémique, resurgit cette fois dans la bouche du
Premier ministre, Manuel Valls. Ce lundi matin 16 février sur RTL, au
lendemain des attentats sanglants de Copenhague, il a appelé à combattre
ce mal.
Nous sommes tous décidés à nous opposer à des terroristes
se réclamant de l’islam radical ou d'ailleurs de toute autre idéologie
de haine. Mais le terme "islamo-fascisme", loin d'être innocent et
descriptif , à été popularisé par les "néo-conservateurs" américains par le passé afin de justifier des guerres et opérations militaires.
La structure même de ce mot, bâti à partir de "islam" et non de "islamisme" est génératrice d'islamophobie.
Le simplisme du rapprochement islamisme - fascisme vise à amalgamer
tous les mouvements islamistes, quelle que soit leur orientation. Peut
on dire que la parti Ennhada en Tunisie est-il "islamo-fasciste"? Certes
pas. Et au fond quel besoin autre que manipulatoire d'accoler les 2
termes islam et fascisme.? En réalité ce terme publicitaire minimise et
euphémise le caractère du fascisme historique.
Ces
mots dans la bouche de Manuel Valls n'arrivent pas tous seuls, et
Manuel Valls n'est pas un militant du parti ouvrier d'Irak, c'est le
premier Ministre d'un pays qui vend des avions de guerre aux militaires égyptiens, certes dénonciateurs fervents de
l'"islamo-fascisme", mais assassins des démocrates égyptiens. L'utilisation politique de certains concepts n'a pas les mêmes implications selon le contexte: ainsi par exemple, les antisémites français utilisent depuis des
années des expressions, des concepts, disent des choses , qui en interne
à Israël n'ont pas du tout la même résonance, la même histoire, les
mêmes effets qu'ici. Se déclarer "antisioniste" en pleine offensive
militaire quand on est à Jérusalem,par exemple, n'est pas la même chose
que se déclarer "antisioniste" en France quand des synagogues sont
attaquées.
Quant
à l'"islam politique", c'est un concept très vaste qui définit
énormément de courants. Et si les Frères Musulmans sont un mouvement de l’islam politique, les qualifier de "fascistes" en bloc revient, par
exemple, à dire " la droite, c'est tous des
fascistes". C'est complètement absurde, même si ça fait du bien, et
c'est pour le coup très connoté géographiquement et culturellement, on
n'aurait jamais l'idée de faire pareil avec des courants politiques
occidentaux ayant un siècle d'existence dans divers pays, donc un siècle
de pratique, de corpus idéologique qui se sont incarnés de manière très
diverse.
D'ailleurs on voit immédiatement les limites d'une telle
simplification en prenant l'exemple de Manuel Valls lui même qui
déclare démagogiquement vouloir combattre "LES" Frères Musulmans , sans
rien définir. Va-t-il enlever la Légion d'Honneur à Tarek Oubrou,
l'imam cité en exemple par tous les gens de gauche peu regardants parce
qu'il déclare désormais le port du voile non obligatoire et même
problématique ? Va-t-il fermer toutes les mosquées affiliées à l'UOIF,
et qui, défendant un conservatisme parfaitement banal pour des religieux
s'opposent évidemment aux courants intégristes et terroristes ?
Ces
simplifications démagogiques ne résolvent rien, ne combattent rien,
elles rendent juste plus difficile une lutte rationnelle contre
l'intégrisme, d'un côté et un combat offensif contre la réaction en
général.
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