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vendredi 16 juillet 2021

Shoah, étoile jaune, Rafle du Vel' d'Hiv, Mont Valérien, apartheid: l'outrage des complotistes


Mise à jour du 13 décembre 2021

Mont Valérien: profanation ignoble par des antipass/vax du lieu où les nazis ont fusillé plus de 1000 résistants, dont ceux de l'Affiche rouge et de nombreux Juifs otages. Les profanateurs utilisent les caractères de la SS ( ci dessous) dans leur inscription de cinquante mètres de long et c'est ce qu'ils sont eux-mêmes

 



 

 

Un contexte particulier 


 

La commémoration de la rafle du Vel' d'Hiv' du 16 et 17 juillet 1942 se déroule cette année dans un contexte nauséabond.

En effet la pandémie actuelle du Covid donne déjà lieu à une déferlante de propagande antisémite et complotiste sous la forme la plus violente.

Dans la dernière période, cela a pris la forme de l'assimilation de la vaccination et du pass sanitaire à la Shoah et à l'Apartheid .

Des étoiles jaunes sont brandies par les opposants organisés à la vaccination. On condamne un "pass nazitaire" et compare ce pass à l'inscription sinistre du portail d'Auschwitz (ci-dessous)




                                
                               Colère de Joseph Szwarc, 94 ans, rescapé de la rafle du Vel 'd'Hiv,  qui a porté l'étoile jaune, contre les comparaisons répandues ces jours-ci

                                   Vague de comparaisons nauséabondes

L'eurodéputée EELV Michèle Rivasi évoque l'Apartheid. C'est une multi-récidiviste en matière de complotisme anti-vaccins. Elle a plusieurs fois coopéré avec le médecin ultra-réactionnaire Henri Joyeux, opposant enragé au droit à l'IVG et pourfendeur des vaccins.

Les partisans de Florian Philippot, auto-proclamé chef de l'opposition à toute précaution face au Covid, sont au premier rang de cette manipulation qui revient à minimiser et banaliser le génocide des Juifs ou l'apartheid. 

Ainsi le 15 mai dernier, les partisans de Philippot se rassemblaient à Orléans, arborant des étoiles jaunes et une banderole "Liberté" (voir ci-dessous)

 



Le chef des " Patriotes" organise d'ailleurs une manifestation de "liberté" le samedi 17 juillet, à la date du deuxième jour de la rafle de 1942. 


 

 

On ne peut qu'être choqué et horrifié par l'appel de Fançois Ruffin, député LFI, coutumier des propos confusionnistes à se joindre "aux manifestations" de ce type. Il avait déjà congratulé le négationniste antisémite Étienne Chouard 

Le Figaro peut ainsi titrer "Ruffin, Philippot, Dupont-Aignan et Asselineau appellent à manifester contre le passe sanitaire " 

Or durant la campagne présidentielle de 2017, ce même Philippot, alors numéro deux du FN et porte-parole omniprésent de Marine Le Pen, avait délibérément lancé une polémique contre la reconnaissance historique le 16 juillet 1995 par Chirac de la responsabilité des autorités françaises dans cette rafle et dans la déportation des Juifs de France. 

Par un grossier tour de passe-passe, il évitait de condamner Pétain et le régime de Vichy, afin selon lui de préserver " la fierté de la France" Il déclarait ainsi:   "On peut être fier de l'histoire de France", a commencé le soutien de la candidate ( Philippot), en dénonçant la repentance de certains dirigeants. Une journaliste lui demande alors s'il pense que le discours de Jacques Chirac en était. "J'ai toujours été dans la position traditionnelle de la France à savoir que la France était à Londres. Je reste fidèle à cette histoire", a répondu Florian Philippot.

"Le responsabilité de l’État français dans la Collaboration n'est pas un fait historique?", le relance alors un journaliste. "La responsabilité de Français oui. De L’état français, non. Je mets la France et la République à Londres", conclut le conseiller de Marine Le Pen.

Marine Le Pen avait ensuite emboité le pas, en déclarant à deux semaines du premier tour de la présidentielle  : « Je pense que la France n’est pas responsable du Vél’ d’Hiv’ ». Il s’agissait manifestement d'un choix stratégique, car elle redoublait ainsi le propos de Philippot
Dans l’émission « Le Grand Jury RTL-LeFigaro-LCI » du 9 avril, le journaliste Olivier Mazerolle l’avait interrogée sur son programme prônant « la promotion du roman national et le refus de repentance ». Il lui avait demandé si Jacques Chirac avait eu tort de prononcer son discours de 1995 sur le Vél’ d’Hiv, dans lequel il avait reconnu la responsabilité de la France.  « Je pense que la France n’est pas responsable du Vél d’Hiv' », a-t-elle répondu, se plaçant ainsi en opposition à cette reconnaissance. 

La justification de la chef frontiste se dévoila ensuite, lorsqu’elle poursuivit dans une argumentation manifestement reprise  des propos de Philippot:  « …  La France a été malmenée dans les esprits depuis des années. En réalité, on a appris à nos enfants qu’ils avaient toutes les raisons de la critiquer. De n’en voir que peut-être que les aspects historiques les plus sombres. Je veux qu’ils soient à nouveau fiers d’être Français. »
La diatribe de la chef frontiste avait fait ressurgir en pleine lumière non seulement la continuité antisémite du FN mais également l’histoire originelle de ce parti, dont nombre de fondateurs étaient issus de la collaboration avec les nazis.

Nous condamnons également la reprise par Jean-Luc Mélenchon d'une argumentation proche de celle de ces duettistesRéagissant aux propos de Marine Le Pen, il avait estimé dans un premier temps que ce qu'elle avait dit "déclench[ait] des polémiques absolument inutiles. L'Histoire de France a fait que les présidents successifs ont fait évolué la question et le regard que l'on portait dessus." "Pourquoi rallume-t-elle cette querelle? Pour blesser?", se demandait-il alors . "Le président Chirac a dit une fois une chose ( discours de 1995 ). Tâchons de nous tenir à une continuité dans notre regard sur l'histoire."  « Sur cette affaire, il devient très difficile de dire que personne n'y est pour rien, alors que c'est la police française qui a organisé la rafle (...) Ça blesse, ça crée une polémique inutile.» "La République française n'est pas coupable mais la France l'est", notait-il." Donc une réaction certes modérée à l'égard de la cheffe frontiste, mais clairement dans l'esprit du discours de Chirac en 1995. 

Mais quelques semaines plus tard, à l'occasion de la commémoration du 75e anniversaire de la même rafle, le chef de la LFI disait exactement l'inverse et se retrouvait ainsi aux côtés du FN ainsi que de Sarkozy, pourfendeur de la repentance française  y compris à l'égard de la Shoah. 

Mélenchon écrivait alors : "Après cela, déclarer que la France est responsable de la rafle du Vel d’Hiv’ est là encore un franchissement de seuil d’une intensité maximale.  Mais dire que la France, en tant que peuple, en tant que nation est responsable de ce crime c’est admettre une définition essentialiste de notre pays totalement inacceptable..." . Jamais, à aucun moment, les Français n’ont fait le choix du meurtre et du crime antisémite ! Ceux qui ne sont pas juifs ne sont pas tous, globalement et en tant que Français, coupables du crime qui a été commis à ce moment-là ! Tout au contraire, par sa résistance, ses combats contre l’envahisseur et par le rétablissement de la République dès que celui-ci a été chassé du territoire, le peuple français a prouvé de quel côté il était réellement. Il n’est pas au pouvoir de Monsieur Macron d’assigner tous les Français à une identité de bourreau qui n’est pas la leur ! Non, non, Vichy ce n’est pas la France !"

Mélenchon  choisissait au passage de déformer les propos de Macron. Ce dernier n'avait fait qu'actualiser le discours de Chirac en 1995, en y introduisant une référence évidente à Marine Le Pen et en rappelant de la IIIe République était déjà ravagée par le racisme et l'antisémitisme, notamment lors des émeutes fascistes de 1934 et lors de l'accession au pouvoir du Front Populaire et de Léon Blum

Macron mettait en valeur le rôle des résistants les plus précoces, en les opposant à ceux qui collaboraient avec les nazis. Il était bien loin d’"assigner tous (!) les Français à une identité de bourreau " comme Jean-Luc Mélenchon ( JLM) faisaitt semblant de le croire. Au passage, ce dernier semblait impliquer que contrairement aux Français, d'autres populations auraient "fait le choix du meurtre et du crime antisémite". Il s'agit d'une allusion assez limpide à l'Allemagne et au prétendu vote majoritaire pour les nazis en 1933.

En se positionnant ainsi, le chef de la LFI   se plaçait, une fois de plus, dans le sillage de celui qu'il présente comme son inspirateur et modèle politique, c'est à dire François Mitterrand. Il reprenait d'ailleurs quasiment mot pour mot les termes que ce dernier utilisait afin de minimiser les responsabilités françaises dans la responsabilité des autorités françaises, au prix d'arguties juridiques de mauvaise foi.  

Car Mitterrand n'a pas du tout été "mutique" à propos  de la rafle du Vel d'Hiv' et plus généralement  à propos de la persécution des Juifs sous Vichy , contrairement à ce que Macron a choisi de  dire diplomatiquement lors de son discours . Au contraire, il a maintes fois marqué son inclinaison pour l'ambiguïté,  le mensonge, et la dissimulation en la matière. 

On connait notamment son amitié et sa complicité maintenues pendant de très longues années avec René Bousquet, chef suprême de la police de Vichy et signataire des accords dits "Bousquet-Oberg" ( général SS, chef supérieur de la SS et de la police en zone occupée) établissant la déportation des Juifs et la place centrale de la police française dans ce processus. Bousquet est l'organisateur de la rafle du Vel' d'Hiv' ainsi que de celle de Marseille en 1943 .

Le sachant parfaitement, Mitterrand agira afin de retarder le procès qui doit enfin s'ouvrir contre son ami Bousquet au milieu des années 1980. C'est ce qu'établissent les juristes de la mission de la FIDH qui font savoir que « il y a une décision politique au plus haut niveau de ne pas faire avancer l’affaire Bousquet ». Après une nouvelle plainte pour crimes contre l'Humanité déposée contre lui en 1989, Bousquet comme beaucoup d'autre bourreaux ne sera jamais jugé, car il est assassiné en 1991.

Mais il y a un autre fait: chaque 11 novembre, de 1987 à 1992, Mitterrand alors président de la République, a fait déposer une gerbe de fleurs présidentielle sur la tombe du Maréchal Pétain, à l’île d’Yeu, au prétexte du rôle de ce dernier lors la première guerre mondiale

Les associations de résistants et de victimes du nazisme avaient beau protester unanimement, rien n'y faisait. En 1992 le scandale fut plus important, car une large campagne publique se déroulait contre ce geste de révérence à l'égard du chef de la collaboration.

Du coup, le préfet de la Vendée, chargé par la présidence de la République de fleurir la tombe au nom du chef de l’État le 11 novembre, dut attendre cette année-là 17 h 15 pour se rendre en hélicoptère sur l'île d'Yeu, lieu de sépulture de Pétain. Il craignait  d'être confronté aux manifestants présents sur place. C'était juste après que Serge Klarsfeld et la quarantaine de personnes l'accompagnant eurent pris le dernier bateau régulier de retour de l'île. Ils étaient venus «s'assurer qu'une gerbe ne sera plus déposée sur la tombe de Pétain par le président de la République». Au bout du compte, la gerbe du préfet côtoyait celles déposées dans les heures précédentes par Jean-Marie Le Pen et par "l'Association nationale Pétain Verdun" (ANPV, émanation des nostalgiques de Vichy). 

Devant l’ampleur du scandale, Mitterrand fut contraint de suspendre l'hommage à Pétain à partir de 1993, c'est à dire à la toute fin de son deuxième septennat .

Or, c'est Pétain qui a promulgué le statut discriminatoire des Juifs dès 1940 et l'a même personnellement aggravé par des annotations. C'est lui qui a instauré la collaboration avec Hitler et l'Allemagne nazie.

On comprend dès lors que Mélenchon, disciple revendiqué de Mitterrand, préfère semer le confusion sur les responsabilités des uns et des autres dans la déportation des Juifs de France, afin de protéger la mémoire de son mentor.

 Une deuxième vague antisémite

La campagne actuelle consistant à salir la mémoire des victimes de la Shoah et de l' Apartheid  vient à la suite d'une première vague déjà très violente. 

Soral, toujours en liberté malgré ses condamnations à des peines de prison ferme,   était évidemment  au premier plan avec sa vidéo nommée Couillonavirus Communauté organisée qui tient la France. Il y stigmatisait 

"le gang qui a en charge la médecine d’État : Buzyn, Lévy, Bauer, Hirsch, Jacob, Guedj, Salomon… C’est la liste de Schindler. » il éructe que les Juifs « veulent faire du pognon sur le dos des Français, affaiblir le peuple français par le nombre de morts » .

Cette propagande se focalise notamment sur la diabolisation d’Agnès Buzyn et de son mari Yves Lévy, ancien directeur de l’Inserm.
Elle prend notamment pour prétexte d’une part le rôle de l’ancienne ministre de la Santé dans les débuts de l’épidémie et d’autre la présence d’Yves Lévy lors de l’accréditation d’un laboratoire de recherche de haute sécurité financé par la France à Wuhan, le 23 février 2017. 

Selon ces théories, le virus du Covid est issu de ce laboratoire et a été volontairement répandu avec la complicité, voire même sous la responsabilité d’Yves Lévy,  tandis que son épouse sabotait la prise en charge de l’épidémie en France. On peut même voir des caricatures montrant Agnès Buzyn en train d'empoisonner un puits, comme dans la tradition antisémite séculaire ( ci-deesous) 


Mais au delà de ces cibles, on retrouve le site complotiste et antisémite Mondialisation.Ca publie ainsi un texte qui accuse les Israéliens de diffuser le virus.
De son côté Marine Le Pen a plusieurs fois relayé la rumeur d’une origine « mystérieuse et inconnue » du coronavirus.
Elle prolonge ainsi les thèse de son parti contre les acquis de la santé publique.

La tradition antisémite en action 
Cette propagande ne surgit pas du néant. Elle s’inscrit au contraire dans une tradition fort ancienne.  
Ceux qui jouent sur la hantise des grandes épidémies ont recours à tous les poncifs de l'antisémitisme historique, concernant particulièrement la peste. 
Ainsi lors l’épidémie de peste noire qui toucha l'Europe entre 1347 et 1350, les agitateurs antisémites l'attribuèrent à un acte satanique orchestré par les Juifs qui voulaient dominer le monde en empoisonnant l'air et l'eau.
Une vague de massacres s'ensuivit notamment dans les aires germaniques et catalanes : en 1348 en Catalogne, les violences antijuives se diffusent presque au même rythme que la peste : Hyères, Toulon, Perpignan, puis Barcelone (peste le 15 mai 1348, pogrom le 17 mai) et de là Tàrrega (peste le 30 juin, pogrom le 6 juillet)
Aucune communauté juive importante d'Allemagne ne fut épargnée par les massacres et  les pillages. A Berne et à Zurich, des Juifs furent jugés et exécutés.
2000 Juifs furent tués à Strasbourg lors du "massacre de la Saint Valentin" en février 1349, d'autres victimes furent nombreuses à Colmar, Worms, Francfort, Cologne et ailleurs.

Plus près de nous le spectre de la « peste juive » réapparut en 1920
Aux premiers jours du mois de décembre 1920, une  rumeur est diffusée dans Paris : une pandémie inconnue et mortelle, la maladie n° 9 ( nom de code pour la peste), dont seraient porteurs les immigrés juifs originaires d'Europe orientale, se propagerait à vive allure dans les quartiers populaires de la capitale.
Les pouvoirs publics, impuissants à endiguer l'épidémie, auraient déjà recensé plusieurs centaines de cas mais refuseraient d'en faire état. La presse s'empare de l'affaire, bientôt instrumentalisée par la droite nationale et antisémite.
La crainte de la prétendue "maladie n° 9 " donne lieu, au Sénat, à une séance houleuse et retentissante le 2 décembre 1920. De nombreux élus dénoncent le caractère " inassimilable " des " Juifs d'Orient ", accusés de répandre l'épidémie, avec la complicité de leurs coreligionnaires installés en France depuis plusieurs générations. Présentés comme réfractaires aux mœurs de la civilisation occidentale, assimilés à des rats grouillant dans Paris, les Juifs sont également accusés de propager le " microbe " du " bolchevisme défaitiste ". 
Les classiques de l’antisémitisme tels le faux nommé Protocole des Sages de Sion et Mein Kampf martèlent ce genre d’accusations.
Il ne s’agit pas seulement de propos hallucinés et sans effet pratique mais d’un encouragement à la violence antisémite.
Celle-ci s’est manifestée ces dernières années lors des attentats meurtriers des synagogues de Pittsburgh, de San Diego et de Halle en Allemagne. Or les auteurs de ces attentats ont commis leurs crimes  en s’appuyant sur les accusations complotistes portées contre les Juifs et leurs actions maléfiques. Ainsi Robert Bowers, le terroriste de Pittsburgh a donné comme raison de son passage à l'acte une accusation elle-aussi éternelle contre « les Juifs coupables de favoriser les migrants afin de détruire l'Amérique. »
 
 16 et  17 juillet 1942: «Vent printanier»
Ce fut le nom de code imaginé pour la plus vaste opération d'arrestations de Juifs pendant la Seconde guerre mondiale en France et pour laquelle le régime de Vichy avait mobilisé la police française.

D'autres rafles avaient précédé celle-ci, dont celle du 20 août 1941. 

Puis le 7 juin 1942, le port de l'étoile jaune entre en vigueur pour les Juifs de la zone occupée et ce dès l'âge de 6 ans. Il s'agissait ainsi pour les nazis de désigner et stigmatiser la population juive.





  
Les 16 et 17 juillet 1942, à Paris 12884 Juifs  furent arrêtés par la police française jusqu'à la fin de l’opération le 17 juillet à 13 h. Les fiches des « absents » lors de la rafle restent dans les commissariats et des équipes spéciales font des visites régulières pendant plusieurs semaines, comme l'indique l'historien Laurent Joly dans son livre " L' État contre les Juifs" ( voir ici notre entretien avec l'auteur)
  
Au total le nombre de raflé.e.s jusqu'au 20 juillet est de 13152.  Cette rafle se fait à la demande des nazis, avec l'accord du gouvernement de Pétain et Laval.


1129 hommes, 2916 femmes et 4115 enfants sont enfermés dans l’enceinte sportive du Vélodrome d’Hiver. Les conditions sont effroyables, comme en témoignent les rescapé.e.s

Dans ce qui fut un enfer et une antichambre de la mort, il faut rendre hommage aux personnes qui ont montré leur humanité et leur détermination dans l'enceinte du Vel d'Hiv. Il s’agit bien sûr des infirmières et assistantes sociales qui se sont engagées dans l’aide  aux internés, mais aussi des pompiers du capitaine Pierret.

 
Ils étaient une demi-douzaine de pompiers a peine; ils ont passé des heures à distribuer de l’eau et recueilli à eux seuls des centaines de messages qu’ils sont allés poster incognito le lendemain depuis des points différents de Paris pour ne pas éveiller les soupçons de l’administration. Pierret est aussi entré en résistance, fournissant les plans des installations militaires allemandes de Paris aux alliés.

Les raflés du Vel d'Hiv' prennent la route de l'extermination

A partir du Vel d'Hiv', les couples sans enfants et les célibataires (1989 hommes et 3003 femmes) sont internés au camp de Drancy.  
Du 19 au 22 juillet, les familles du Vél’ d’Hiv’ sont quant à elles transportées dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande (Loiret) gérés par l’administration française. Adultes et adolescents sont alors déportés en premier, par 4 convois entre le 31 juillet et le 7 août 1942.

Le sort des enfants 

Brutalement séparés de leurs parents, environ 3000 enfants en bas-âge sont laissés sur place dans une affreuse détresse. Les parents ont été rapidement déportés vers Auschwitz, alors que les nazis n’ont pas encore donné leur réponse quant au sort des enfants. 
La période durant laquelle les enfants internés dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande ont vécu séparés de leurs parents déjà déportés est décrite par les témoins comme un des moments les plus insupportables. Âgés de 2 à 15 ans, ceux-ci restent seuls durant plusieurs semaines. Désorientés par l’absence de leurs parents et vivant dans des baraques inadaptées à la présence d’enfants, ils vivent dans des conditions d’hygiène catastrophiques. Huit d'entre eux meurent durant cette période.
 
Le 13 août 1942, les services d’Eichmann décident que les enfants doivent également être déportés: ils sont alors transférés vers Drancy et, de là, embarqués dans les convois partant pour Auschwitz entre le 17 et 31 août 1942. Aucun d’entre eux n’est revenu.

La responsabilité écrasante du régime de Vichy dans les déportations des Juifs est restée longtemps un sujet tabou,
Enfin, c'est seulement en 1995 lors de la cérémonie commémorative de la rafle du Vel' d'Hiv en juillet que Jacques Chirac reconnut publiquement que les autorités françaises avaient accompli l’irréparable, en déclarant notamment : «Manquant à sa parole, elle (la France) livrait ses protégés à leurs bourreaux.»
Une partie de la droite a rejeté cette prise de position, soit ouvertement , soit en attaquant la « repentance » comme Sarkozy à plusieurs reprises, soit en défendant ouvertement Pétain comme Eric Zemmour, également candidat potentiel à la présidentielle de 1922
    
Dans nos combats contre contre tous les génocides et contre tous les racismes, la date du 16 et 17 juillet 1942 représente une date importante au cours de laquelle nous honorons la mémoire des victimes et renouvelons notre engagement à lutter contre toutes les formes de racisme,  d'antisémitisme et de négationnisme.

Lors de cette journée nous rappelons aussi les autres victimes de génocides plus récents ou  plus anciens afin que justice leur soit rendue et pour éviter de nouveaux crimes du même type.

En effet, l'impunité des auteurs de génocides et massacres représente un facteur évident de récidive et de perpétuation de ces actes criminels. C'est pourquoi, plus que jamais et en permanence,  la mémoire des génocides nourrit nos combats. 
 
Memorial 98
 
 
 
 
 

 

lundi 16 décembre 2019

Mélenchon diffuse le poison de l'antisémitisme et récidive sans fin.

Mise à jour du 20 novembre 2021

Nouvelle récidive: Mélenchon et d’autres dirigeants de la LFI prétendent faussement que Zemmour a été "acclamé" lors d'une réunion du CRIF. 

Une enquête de l'AFP montre que ce propos est totalement exagéré, voire mensonger.

Après avoir opéré une semi-autocritique après ses propos précédents attribuant le racisme de Zemmour à la tradition juive ( ci-dessous), Mélenchon reprend son antienne visant une fois de plus le CRIF et tentant de relier Zemmour avec des institutions juives, malgré les propos antisémites et pétainistes de ce dernier. 

Notons que le président du CRIF Francis Kalifat avait pris position contre Zemmour dès la mi-septembre quand il avait appelé sur Radio J à faire "faire barrage" contre lui. "Pas une voix, pas une voix juive en tous cas ne doit aller sur le candidat potentiel Eric Zemmour", avait-il déclaré.

L’acharnement nauséabond et mensonger de Mélenchon est sans fin.

Memorial 98

 

 

Mise à jour du 12 Novembre 2021: déclaration du Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et Tous les Racismes ( RAAR)

Mélenchon récidive et accuse la tradition juive d’être responsable du racisme de Zemmour. 

Interrogé le 28 octobre sur BFM après les propos du grand rabbin de France, qui avait assuré que Zemmour était "antisémite certainement, raciste évidemment", Jean-Luc Mélenchon a récidivé en tenant à nouveau des propos offensants et méprisants envers les Juifs et la lutte contre l’antisémitisme, il a déclaré ( lien ci-dessus) : 

"Monsieur Zemmour ne doit pas être antisémite parce qu’il reproduit beaucoup de scénarios culturels : on ne change rien à la tradition, la créolisation, mon dieu, quelle horreur... Tout ça ce sont des traditions qui sont beaucoup liées au judaïsme. Ça a ses mérites, ça lui a permis de survivre dans l’Histoire. Donc moi je ne crois pas qu’il soit antisémite, enfin je ne sais pas, parce que véritablement ce n’est pas vraiment mon problème s’il est antisémite, il sera condamné. Il est raciste, ça c’est sûr, il a été condamné pour ça".

            Selon cette déclaration, il faudrait attendre une éventuelle condamnation par la justice pour constater l’évidence, alors que Zemmour multiplie les diatribes antisémites :  suspicion quant à l’innocence du capitaine Dreyfus, réhabilitation de Pétain « sauveteur de Juifs » défense de l’attitude de Papon pendant l’Occupation et dénonciation de son procès ; critique de la loi Pleven de 1972, qui pénalise racisme et antisémitisme et de la loi Gayssot contre le négationnisme de la Shoah ; rejet du discours du Vel d’Hiv de Jacques Chirac reconnaissant en 1995 la responsabilité de l’État français dans la déportation des Juifs, attaque contre les familles Sandler et Monsonego, victimes de la tuerie antisémite de Merah à Toulouse.

            Surtout Mélenchon choisit d‘attribuer les positions racistes et antisémites de Zemmour à des traditions « beaucoup liées au judaïsme ». Ce sont donc les Juifs qui seraient responsables de l’antisémitisme qui les frappe et de la campagne de haine de Zemmour. Et il ajoute avec légèreté et cynisme « parce que véritablement ce n’est pas vraiment mon problème s’il est antisémite ».

            Le Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et Tous les Racismes ( RAAR) condamne fermement ce nouveau dérapage concernant les Juifs, venant de la part d’un candidat de gauche à la Présidentielle, ainsi que les attaques portées par l’appareil de la LFI à l’encontre de ceux et celles qui protestent contre ces propos. 

            Plusieurs fois ces dernières années Mélenchon a tenu des propos qui ne peuvent qu’aider à la diffusion de l’antisémitisme, notamment en juin dernier sur la tuerie antisémite de Toulouse en 2012.  Il déclarait alors :

« Vous verrez que dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ou un meurtre. Cela a été Merah en 2012. Cela a été l’attentat la dernière semaine sur les Champs-Elysées. » 

Donc, selon lui, l’assassinat de trois enfants juifs à l’école Ozar Hatorah en 2012 par Merah était « écrit d’avance » au titre d’une manipulation électorale. Il niait ainsi la gravité de l’assassinat, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, d’enfants tués parce que Juifs. En 2019 il déclarait qu’il fallait refuser la « génuflexion » devant les « oukases » du CRIF en lien avec la défaite du Labour et de Jeremy Corbyn lors des élections britanniques. En juillet 2020, il disait que Jésus avait été mis sur la croix « par ses propres compatriotes », reprenant ainsi un des plus vieux poncifs antisémites. 

Cette dérive récidivante est inacceptable.

Le poison antisémite ne doit pas gangréner la gauche. Au contraire le combat pour l’émancipation sociale passe depuis toujours par la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.

 

C’est pourquoi le RAAR appelle à rejeter les propos de Mélenchon et continuera à intervenir publiquement contre les attaques de ce genre, d’où qu’elles proviennent.

 

Mise à jour du 29 aout 2021

Nouvelle contorsion glauque de Mélenchon: il attaque violemment l'excellente édition critique de Mein Kampf nommée Historiciser le mal, réalisée justement afin de lutter contre les idées nazies et soutenue notamment par Serge Klarsfeld. 

Il écrit le 26 août 2021 sur son compte Twitter:
 
"Honte à la réédition de Mein Kampf. 10 000 ventes. Diffuser Hitler, il fallait oser. Depuis le début, nous dénonçons. Où sont passés les bons esprits ? Où sont les professionnels de la dénonciation de l'anti-sémitisme soi-disant populaire ?"

 


Dans sa hâte mensongère, il illustre son message par une version ancienne et allemande du tome II de l'ouvrage de Hitler ( ci-dessus) et non par l'édition critique  publiée récemment  (ci-dessous)

 
Par cette attaque calomniatrice Il s'agit ainsi pour le chef de la LFI de minimiser les propos et actes antisémites qui pullulent actuellement dans les cortèges . 

On notera de plus que Mélenchon fait référence dans une formule tarabiscotée à un "antisémitisme soi-disant populaire". Il invente cette accusation pour les besoins de sa démonstration. Or ce qui est cause n'est pas le caractère "populaire" mais la présence importante de pancartes et de propos antisémites dans les cortèges et en dehors, notamment par la profanation de la stèle de Simone Veil.. Pourquoi le nie-t-il, alors que c'est l'évidence même ? 

D'ailleurs, quelques jours plus tard lors de l'Université d'été de la LFI, le même proclame en contradictions avec ses propos précédents" Nous en avons assez de l'extrême-droite et des antisémites ! Fichez le camp de nos manifs. Gardez vos pancartes pour vous-même."

On n'en a manifestement pas fini avec les contorsions, manipulations et provocations de Mélenchon dans ce domaine.

Ce discours doit être fermement dénoncé et rejeté par tous les antiracistes et par toutes toutes les forces de gauche, y compris bien sûr par les militantEs de la LFI. 

Memorial 98


                                               


Mise à jour du 9 juin 2021

Mélenchon doit retirer ses propos sur l'assassinat des enfants juifs par Merah et s’excuser.

Communiqué du Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR)

Jean-Luc Mélenchon a déclaré dimanche 6 juin sur France Inter :

« Vous verrez que dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ou un meurtre. Cela a été Merah en 2012. Cela a été l’attentat la dernière semaine sur les Champs-Elysées. Avant, on avait eu Papy Voise dont plus personne n’a jamais entendu parler après. Tout ça, c’est écrit d’avance. Nous aurons le petit personnage sorti du chapeau. Nous aurons l’événement gravissime qui va, une fois de plus, permettre de montrer du doigt les musulmans et d’inventer une guerre civile. Voilà, c’est bateau tout ça. »

Donc, selon lui, l’assassinat de trois enfants juifs à l’école Ozar Hatorah ainsi que des militaires en 2012 par Merah était « écrit d’avance ».

Il fait la comparaison avec le fait divers de la présidentielle de 2002 (Papy Voise), qui n’a rien à voir. 

Au-delà du complotisme évident, c’est une sous-estimation totale de la gravité de l’assassinat, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, d’enfants tués parce que Juifs.

Ce n’est pas le premier dérapage de Jean-Luc Mélenchon dans ce domaine.

En 2019 il déclarait qu’il fallait refuser la « génuflexion » devant les « oukases » du CRIF.

En juillet 2020, il disait que Jésus avait été mis sur la croix « par ses propres compatriotes », reprenant ainsi le plus vieux poncif antisémite.

Le RAAR (Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes) exige solennellement de Jean-Luc Mélenchon qu’il retire ses propos, s’en excuse et déclare explicitement qu’il ne considère pas les crimes de Merah comme une action inspirée par on ne sait quel complot, mais comme un attentat antisémite.

 
Mélenchon récidive en reprenant un thème antisémite issu de l’Église catholique et qui a servi pendant des siècles à justifier les persécutions contre les Juifs " déicides".
Mélenchon répond à une journaliste BFM  qui lui demande si les forces de police doivent rester passives comme Jésus et déclare «Je ne sais pas si Jésus était sur la Croix, je sais qui l’y a mis paraît-il, mais ce sont ses propres compatriotes». 
Celui qui se réclame du combat laïc reprend ainsi un thème antisémite particulièrement choquant, d'origine religieuse .
En effet il s'agit du mythe ancien diffusé par la haute hiérarchie de l’Église catholique contre le peuple juif décrété "déicide", justifiant ainsi les persécutions  et pogroms contre les Juifs.
La calomnie séculaire a été retirée seulement lors du concile "Vatican 2"  en 1965, vingt ans après la fin de la Shoah et le silence du pape Pie XII lors de celle-ci.
Ce sont les courants catholiques intégristes antisémites qui  continuent à diffuser la calomnie d'un Jésus victime de ses " propres compatriotes" et pas du pouvoir romain qui occupait la Judée, symbolisé par Ponce-Pilate. 
La reprise de ce mythe par le dirigeant de la LFI représente à la fois une aberration et un scandale.
 
MEMORIAL 98



Le cancer de l'antisémitisme à gauche poursuit ses méfaits. Après avoir dévoré la gauche britannique en raison de la politique de Corbyn (voir ci-dessous), il est maintenant relayé par Jean-Luc Mélenchon.

                                          
                  Manifestation contre l'antisémitisme au sein du Labour

Suite à la défaite du Labour lors des élections législatives, le chef de la LFI joue la surenchère nationaliste et raciste, dans un texte largement diffusé et que nous reproduisons ci-dessous.
Il attribue ainsi aux "communautaristes" juifs britanniques la défaite de la gauche. Sa critique violente et injurieuse à l’encontre de Corbyn, qu'il portait aux nues précédemment, est notamment que ce dernier se serait trop excusé face aux accusations d’antisémitisme dans le Labour. 
Ces excuses auraient découragé "l'électorat populaire", ainsi désigné lui-même comme antisémite. Selon Mélenchon, ces mises en cause sont uniquement issues d’un complot du premier ministre israélien Netanyahou et de ses relais en Grande-Bretagne. Plutôt que de se pencher sur ce grave problème qui a touché le Labour depuis plusieurs années, comme mentionné dès 2016 ici, il choisit une explication complotiste et manipulatoire.
  
Mélenchon poursuit par une diatribe particulièrement nauséabonde, dans laquelle il nomme ses ennemis et cibles, dont les Juifs du CRIF.
Il écrit: " Retraite à point, Europe allemande et néolibérale, capitalisme vert, génuflexion devant les ukases arrogante des communautaristes du CRIF : c’est non. Et non c’est non ». 
En plein mouvement social sur les retraites,  Mélenchon aligne ainsi le CRIF à côté de la retraite à points, dans une énumération à priori incohérente.
Il renforce l’aspect conspirationniste de son propos qui prend la dimension d’un « complot juif » international organisé afin de peser sur les scrutins et sur la démocratie en France, Grande-Bretagne et sans doute dans bien d'autres pays, selon lui.

Quelques jours après avoir félicité Marine Le Pen pour son "humanisme"   face à la réforme des retraites, Mélenchon franchit ainsi toutes les limites d'une politique de gauche.Il s’agit d’un choix délibéré de posture complotiste et de division. Mélenchon est en l’occurrence un acteur actif du poison antisémite qui a déjà fait tant de dégâts mortels dans la gauche et la société.

Certains à gauche se taisent lâchement ou tentent de défendre le chef de la LFI, en prétendant qu’il critique seulement les positions politiques du CRIF, qui relaierait celles du gouvernement israélien. 
Mais le choix de ses termes prouve le contraire: la "génuflexion" qu'il stigmatise est un classique antisémite selon lequel  « les  nations seraient contraintes, par la ruse et la force, de se mettre à genoux devant les Juifs et leur puissance occulte et "arrogante" selon les termes de Mélenchon à propos du CRIF ("oukase arrogante")
De même pour la reprise du terme « communautariste », utilisé par la droite et l’extrême-droite ainsi que Macron pour stigmatiser les minorités qui se défendent contre les attaques dont elles sont victimes. 
En fait, le CRIF représente ici un terme codé qu'il utilise afin de  désigner un prétendu « lobby juif » agissant en France et en Grande-Bretagne.
On est loin du quidam qui peste devant son ordinateur et relaye des propos racistes et antisémites.
Mélenchon est un dirigeant politique majeur qui jouit d’une audience massive, à gauche (bien qu’il rejette ce terme) et bien au delà. Il a ainsi plus d’un million de followers sur Facebook, qui ont été exposés à sa diatribe. 
Ses propos ont comme conséquence directe de renforcer un antisémitisme déjà très actif en France, en Europe et dans le monde. Il ne faut donc pas se taire ou détourner le regard, quelques que soient les prétextes de ce silence honteux. Se taire c’est approuver, ou considérer que tout cela n’a pas d’importance. 
Ni le mouvement social en cours sur les retraites, ni le front unitaire en défense de ce mouvement, ni les futures alliances municipales ne peuvent justifier l’attentisme.
Il ne s’agit pas ici des aigreurs de Mélenchon, ou de son mauvais caractère, ou de son combat singulier contre la direction du CRIF. 
Il ne s’agit pas non plus de déterminer si dans son for intérieur, Mélenchon est antisémite ou pas, comme le fait le journaliste Claude Askolovitch Ce dernier répond par immédiatement la négative, car " il le connaît" et choisit de mettre en avant des explications psychologiques et tenant au caractère de l’intéressé.
Les propos écrits de Mélenchon sont sans conteste de caractère antisémite, ils produisent déjà d’énormes dégâts.
Il faut donc les combattre afin de faire reculer ce racisme mâtiné de complotisme, ingrédient qui permet de le faire circuler encore plus massivement.

Le discours sectaire et antisémite de Mélenchon doit être fermement dénoncé et rejeté par tous les antiracistes et par toutes toutes les forces de gauche, y compris bien sûr par les militantEs de la LFI. 
Qui peut accepter une telle reprise de thèmes antisémites, qui placent les Juifs au centre de complots internationaux ? Rappelons que lorsque François Ruffin, député LFI, a congratulé l’antisémite et négationniste Etienne Chouard à propos du référendum RIC, de nombreuses voix se sont élevées et l’ont contraint à un recul, même si celui-ci a été partiel. 

Ce n'est certes pas la première fois que Mélenchon tient des propos douteux dans ce domaine, comme nous le rappelons ci-dessous, mais cette fois-ci il s'agit d'une autre dimension qui relaye le thème antisémite fondateur du "complot juif" international .

La gauche, héritière et porteuse du combat contre l'antisémitisme depuis l'affaire Dreyfus, après avoir erré et hésité en la matière, doit absolument  faire le ménage dans ses idées et son langage pour en bannir toute immondice de ce genre. Il en va de l'avenir du projet d'émancipation humaine.

Concernant la direction du CRIF et son action fautive lors de la marche en mémoire de Mireille Knoll  le 28 mars 2018, nous écrivions à l’époque (voir ici ) « Marine Le Pen peut remercier les dirigeants du CRIF. " En appelant à exclure Jean-Luc Mélenchon, mis dans le même panier que le parti de la continuité antisémite qu'est le FN, ils ( les dirigeants du CRIF NDLR) ont sorti la dirigeante du FN de son isolement et contribué à banaliser la continuité antisémite de son parti. C'est là que réside leur faute. Au passage, ils ont exonéré Laurent Wauquiez de ses turpitudes alors que sa première mesure, en tant que président de Conseil régional, a consisté à réduire la subvention de Mémorial des enfants juifs d’Izieu déportés par Klaus Barbie.

Pour autant, il ne faut pas cacher ni oublier que, à plusieurs reprises, Jean-Luc Mélenchon a manifesté des ambiguïtés dans la lutte contre l'antisémitisme, en sous-estimant la gravité de propos qui en relevaient.
Nous avions mentionné ce problème dès 2011 après des déclarations à l'époque de Christian Jacob contre DSK, puis à nouveau lors de sa polémique douteuses contre les propos "pas français" de Pierre Moscovici en 2013. Plus récemment en 2017, il a défendu la position calamiteuse de François Mitterrand à propos de la responsabilité des autorités françaises dans la déportation des Juifs. "  

Le texte de Mélenchon 
13 décembre, 12:00 · 
CORBYN : LA SYNTHÈSE MÈNE AU DÉSASTRE

J’avoue que je ne suis pas étonné par le terrible revers électoral du parti travailliste et de Jeremy Corbyn. Il doit servir de leçon.

Première leçon : l’avant-gardisme bien-pensant ne mène nulle part. Ils ont fait du Tsípras avant même d’être élu. Annoncer qu’il voulait un nouveau référendum sur le Brexit, c’était inviter ceux qui veulent le Brexit à voter directement pour ceux qui le mettent en œuvre. Surtout que Corbyn a précisé qu’en cas de vote, il ne s’en mêlerait pas. On ne pouvait faire pire. À quoi bon des leaders qui ne s’engagent pas à propos de l’avenir de leur pays ? Les bastions ouvriers du nord qui votaient PS ont basculé dans le vote conservateur parce que ceux-ci leur garantissaient le Brexit. C’était toujours ça de pris !

Deuxième leçon. Pourquoi ont-ils fait une aussi grossière faute ? C’est le résultat des jeux d’appareils internes au Labour. Le Labour, c’est le PS anglais. Corbyn aurait du le refondre totalement au lieu de composer avec lui. Ou bien le quitter. Les vieux appareils bureaucratiques comme le Labour Party produisent des jeux d’appareils et rien de plus. Construire son raisonnement politique en fonction des points d’équilibre interne, c’est se tromper à coup sûr. Les problèmes comme les solutions sont dans les masses populaires, leurs attentes, leur volonté, leurs besoins. C’est là que Corbyn aurait du aller chercher ses consignes. Il a voulu plaire aux importants. En vain.

Corbyn a passé son temps à se faire insulter et tirer dans le dos par une poignée de députés blairistes. Au lieu de riposter, il a composé. Il a du subir sans secours la grossière accusation d’antisémitisme à travers le grand rabbin d’Angleterre et les divers réseaux d’influence du Likoud (parti d’extrême droite de Netanyahou en Israël). Au lieu de riposter, il a passé son temps à s’excuser et à donner des gages. Dans les deux cas il a affiché une faiblesse qui a inquiété les secteurs populaires.

Cette envie de bonne réputation, je l’ai vue de près. Quand je lui ai rendu visite, nous avons parlé en espagnol de ce qui se passait dans le monde. Il a publié un communiqué à ma sortie se félicitant de notre intérêt commun pour l’investissement public dans les entreprises. Ce genre de façon, je l’ai connu souvent. À l’étranger et en France. Ça ne mène nulle part ceux qui les adoptent. Au contraire. Les gens sérieux regardent en coin et comprennent qu’il y a anguille sous roche. Comment croire que nous ayons discuté d’investissement public alors que reposait sur nous l’espoir d’une bascule de notre famille dans le camp du changement des règles du jeu du monde ?
Tel est le prix pour les « synthèses » sous toutes les latitudes. Ceux qui voudraient nous y ramener en France perdent leur temps. En tous cas je n’y céderai jamais pour ma part. Retraite à point, Europe allemande et néolibérale, capitalisme vert, génuflexion devant les ukases arrogante des communautaristes du CRIF : c’est non. Et non, c'est non"

Dans le Labour britannique, une complaisance coupable

Dès 2016 nous alertions, suite à des informations qui nous étaient parvenues ( voir ici)  " "Les révélations britanniques sonnent comme un avertissement particulièrement grave, montrant une diffusion de thèses antisémites, complotistes et négationnistes, au motif de défendre la cause palestinienne. Cette dernière se trouve au contraire salie et affaiblie par la tonalité antisémite de ces "soutiens".   

On constate aussi une  tolérance inexcusable à l'égard de positions racistes antisémites au sein de partis de gauche, puisque des mesures ne sont prises que suite à des révélations et scandales, alors que la direction du Labour était bien alertée et informée des horreurs diffusées. 
 
Après des scandales récents semblables au sein de la gauche en Espagne et en Grèce , un grand "ménage" et une vigilance approfondie sont nécessaires afin de combattre ce fléau." L'Info antiraciste 28 avril 2016

En fait la situation s'est aggravée, malgré les promesses répétées de Corbyn et des ses proches s'engageant à combattre l'antisémitisme. En réalité ils ont couvert et minimisé la gravité de la situation, malgré de nombreuses protestations et des appels angoissés des Juifs de grande-Bretagne qui votaient traditionnellement en grande majorité pour le Labour.
C'est à la veille même des élections que Corbyn et son adjoint ont daigné s'excuser en continuant à mentir sur la manière dont les plaintes avaient traitées, comme le déclare maintenant Len McCluskey, dirigeant du principal syndicat britannique Unite et soutien de Corbyn en amont du scrutin. Le responsable syndical a entre autres mis en cause « l’échec de Corbyn à s’excuser pour l’antisémitisme dans le parti lorsqu'il était encouragé à le faire (à la BBC), symbolisant des années de mauvaise gestion du problème ».



                                         

John McDonnell, numéro 2 du Labour : l’antisémitisme pourrait nuire au parti lors des élections
À la veille des élections, et dans un contexte de fuites sur des plaintes d'antisémite non traitées, John McDonnell assurait que le parti avait  tiré la leçon d'une "période horrible"
Ce  haut dirigeant du Parti travailliste britannique, proche de Corbyns’est excusé le 8 décembre pour « les souffrances que nous avons infligées » à la communauté juive britannique et a admis que le scandale d’antisémitisme qui a secoué le parti pourrait affecter ses perspectives lors des élections générales du 12 décembre au Royaume-Uni.
« Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir et nous allons tirer d’autres leçons. Nous voulons être l’exemple éclatant de l’antiracisme que le Parti travailliste devrait être », a déclaré McDonnell, dans une interview accordée  à la BBC le 8 décembre, à 4 jours des élections
Le dirigeant et ses partisans ont donc à nouveau rejeté l’accusation, affirmant que les travaillistes avaient fait un effort pour réprimer les antisémites.
Mais des documents du service de contrôle interne du parti et qui ont été rendus publics ont révélé le contraire:  plus de 130 cas de membres du parti exprimant des opinions antisémites virulentes, y compris des appels à l’extermination des Juifs, et ayant été autorisés à rester dans le parti pendant des mois, voire des années, après que des plaintes aient été déposées contre eux. Corbyn s'est lui-même finalement excusé pour l'antisémitisme au sein de son parti lors d'une interview accordée à l'émission anglaise "This morning"."De toute évidence, je suis vraiment désolé pour tout ce qu'il s’est passé, mais je tiens à préciser que je suis en train de régler le problème", a-t-il répondu au présentateur Phillip Schofield.
Le chef du parti travailliste avait éludé les questions du présentateur, mais avait déclaré d'une manière générale que l'antisémitisme et toute autre forme de racisme n'avaient  "aucune place dans notre société".

C'est face à cette politique catastrophique de tolérance envers l'antisémitisme que Mélenchon reproche à Corbyn de s'être "trop excusé" .

Albert Herszkowicz pour MEMORIAL 98
 
Articles de Memorial 98 concernant Jean-Luc Mélenchon