samedi 16 mai 2015

Mélenchon met une nouvelle fois l'antiracisme en difficulté en félicitant Florian Philippot

Face au conflit à l'intérieur du FN (qui ne change rien aux positions de fond), on est confronté à des réactions parfois catastrophiques. 
Celle de Jean-Luc Mélenchon le 12 mai 2015 sur France 2 est particulièrement choquante. Il félicite par 2 fois Florian Philippot "de nous avoir débarrassés" du "vieux fasciste". Ainsi, si les mots ont un sens, Philippot et donc Marine Le Pen ne seraient pas quant à eux des fascistes, alors qu'ils construisent leur parti sur l'exclusion d'une partie de la société et viennent encore de voler au secours de Robert Ménard à Béziers. De plus, Mélenchon poursuit en reprochant à Philippot de lui "voler" une partie de son propre programme. La confusion est ainsi à son comble et laisse accroire que le prétendu "nouveau FN" copie le programme d'une partie de la gauche, alors qu' en réalité il développe la démagogie à prétention "sociale" caractéristique des partis fascistes.

Voici la transcription de l'échange :

L'interviewer : qu'est-ce que vous pensez, Jean-Luc Mélenchon, de la formation politique que J.-M. Le Pen veut lancer ? Il dit que ce ne serait pas un parti concurrent du FN.

JLM : c'est-à-dire que premièrement je m'en moque et deuxièmement je félicite monsieur Florian Philippot de nous avoir débarrassé de ce vieux fasciste parce que nous on n'y était pas arrivé mais lui il y est arrivé. Donc félicitation à monsieur Florian Philippot, qui pour le reste est lui-même quelqu'un d'assez habile mais dont finalement le bobard finira par éclater. Parce qu'il suffit pas de pomper mes discours, de voler dans le programme « L'Humain d'abord » pour finir par passer pour quelqu'un d'honnête politiquement.

Ce qu'il faut relever, c'est d'abord cette phrase hallucinante sur les félicitations à Philippot, et le fait que le seul reproche qui soit fait à celui-ci soit d'avoir "volé" des morceaux de programme du Front de Gauche et donc d'être un "escroc". 
Et il est bien évident que l'accusation concernant des points de programmes volés par le FN sous-entend forcément que certains points du programme du FN sont bons, et communs avec le Parti de Gauche. Des propos parfaitement clairs, qui réaffirment une ligne assez classique d'ailleurs chez Mélenchon, son "bon " nationalisme concurrent du "mauvais " nationalisme du FN. 

Au passage, Mélenchon diffuse l'idée que le FN sans Jean Marie Le Pen, c'est mieux qu'avant, et que c'est un vrai changement, parce que les "félicitations" signifient  qu'un acte positif s'est produit. C'est une analyse à la fois fausse et dangereuse, et il est parfaitement normal de regretter ici que le temps de parole accordé à un homme politique censé représenter un certain progressisme soit utilisé pour dire des choses aussi contre-productives.
 D'autant que Mélenchon est coutumier de ce genre de sorties mettant en difficulté l'antiracisme: on rappellera entre autres qu'il n'avait pas trouvé mieux que s'insurger contre l'éviction de Eric  Zemmour d'i-Télé au nom de la liberté d'expression après les propos de ce derniers sur les musulmans, qu'il avait pourtant lui-même dénoncés. 

De fait quand Mélenchon fustige "les jeunes qui se déguisent en tenue d'afghan" ou accuse le CRIF de pousser à la guerre mondiale dans un de ses discours pro-Poutine, c'est lui qui chasse sur les terres du FN, pas l'inverse. C'est d'autant plus inquiétant au vu d'exemples précédents dans le pays. 

L'histoire française fourmille d'exemples de "gauchistes radicaux" qui, en l'absence d'un mouvement de classe à la hauteur de leur romantisme voient leurs valeurs et leur carrière glisser vers le chauvinisme  puis vers l'extrême-droite.

MEMORIAL 98

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