La légalisation du mariage gay, suite au triomphe du oui au référendum par plus de 62%, représente une avancée importante pour les droits démocratiques et contre l'homophobie. Il s'agit d'un vote populaire incontestable qui représente une étape nouvelle, puisque les précédentes légalisations du mariage gay s’étaient réalisées par des votes parlementaires. Nous nous en réjouissons donc particulièrement.
Cette victoire est d’autant plus marquante que la dépénalisation de l'homosexualité dans ce pays date seulement de 1993, suite à un vote du Parlement irlandais.
Le résultat positif intervient alors que la hiérarchie de l’Église catholique irlandaise, traditionnellement puissante, s’était fortement mobilisée pour faire voter non.
Dès l'annonce du référendum, l'Église catholique a fait savoir qu'elle ferait campagne pour le «non». Lors des derniers défilés contre cette proposition, on a ainsi pu voir des évêques lire publiquement
des lettres exposant les arguments du «non». Des sermons ont porté la
même consigne dans les paroisses. Ce camp du non a, comme d'habitude,
ciblé
les possibles conséquences en ce qui concerne la filiation ainsi que la
procréation médicalement assistée (PMA) et la gestation par autrui
(GPA).
Mais cette prise de position ne semble pas avoir pesé dans ce pays, dont 84 % des habitants se disent d'obédience catholique et près de 50 % vont à la messe tous les dimanches.
L’Église, dont la toute-puissance était notamment liée à son rôle
dans la conquête de l’indépendance du pays, a longtemps été redoutée.
Ses enseignements étaient considérés comme des injonctions
dont dépendait le Salut.
Mais les révélations de ces dernières années sur des abus
sexuels commis à grande échelle par des prêtres envers des mineurs et couverts par leur
hiérarchie, lui a fait perdre une partie de son autorité.
La force de mouvements sociaux irlandais très actifs et de la mobilisation particulièrement importante de l'électorat jeune ont balayé la propagande cléricale. Elle a aussi contraint les différents partis à appeler à voter oui.
Cette victoire ne fait pas oublier qu'en Irlande, l'avortement reste encore interdit, entraînant des situations particulièrement pénibles pour les femmes. Il est possible que la révolution de la victoire du oui permette d'ouvrir enfin ce dossier.
En ce jour de victoire, on ne peut oublier à quel point la hiérarchie catholique française ainsi que les intégristes et toute la droite et l'extrême-droite ont réussi ici à instrumentaliser cette question. On pense aussi aux engagements de Sarkozy envers les groupes issus de cette radicalisation réactionnaire et consistant, s'il revient au pouvoir en 2017, à annuler le mariage pour tous.
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