dimanche 3 mai 2015

La taille d'une jupe justifie l'exclusion d'élèves musulmanes: discrimination à l'infini.

Un simple bandeau, une robe noire ou une simple jupe: désormais les jeunes filles de confession musulmane sont exclues en nombre pour le port de vêtements que les non-musulmanes peuvent évidemment mettre sans souci aucun.
Sur cette base, la possibilité de discrimination devient évidemment infinie. 

A Charleville Mézières, une collégienne a été refusée d'accès à l'établissement pendant deux jours à une semaine d'intervalle, ce qui est bien une exclusion temporaire, pour le port d'une jupe achetée dans un magasin populaire. Un courrier de l'Académie valide implicitement la position de l'établissement et le fait qu'une jupe puisse être considérée comme un signe religieux ostentatoire: "Dans ce travail quotidien avec un public adolescent, il est parfois difficile de distinguer simplement ce qui relève du port ostentatoire de signes religieux de la provocation ou de la tentation d'éprouver les limites des règles communes". On notera les mots utilisés et le raisonnement validant une possibilité de discrimination quasi-infinie: le personnel peut décider de sanctionner une "tentation d'éprouver les limites" qu'il aura lui-même déterminée. 

De tous temps adolescents et adolescentes se sont affirmés par des tenues vestimentaires détournées et semblables exprimant ceci ou cela. 
Une jeune anarchiste mettait il y a 20 ans des Doc Martens qui voulaient dire: " Allez tous vous faire foutre l'école, les profs, l'Etat et ainsi de suite, tandis qu'il y a quelques années, les jeunes fascistes adoptaient, eux, le style casual, des tenues plutôt discrètes avec des marques peu connues et une coupe courte mais pas rasée, dont l'ensemble était immédiatement reconnaissable par toute personne avertie. 
La taille de la jupe, la coupe de cheveux, le pantalon serré ou large, la boucle d'oreille portée toute seule, et un tas d'autres signes sont utilisés pour affirmer une identité, le plus souvent transitoire, le plus souvent également parfaitement associable à d'autres signes exprimant des identités contradictoires. 
On voit ainsi dans certains endroits des jeunes filles sortir du lycée, mettre leur foulard, se repoudrer et allumer une clope avant de partir vaquer en groupes rieurs. On vit aussi et on voit encore de jeunes anarchistes punk décider à seize ans de tomber enceintes d'un type et de garder leur bébé, en arborant un T-shirt No Future. Quand une société en vient à régresser psychologiquement au point d'accorder plus d'importance encore que ne le font les ados à ces signes, on mesure d'une part, l'impact profondément abêtissant du racisme, mais également son ampleur. 
Que ces questions préoccupent l'ensemble du champ social, alors que d'autres comme la disparition de l'enseignement du latin, ou le peu de place accordé à celui des langues vivantes, ou les inégalités effroyables générées par la réforme des rythmes scolaires ne mobilisent même pas le camp de la gauche qui se dit attachée au progressisme et à la raison en dit long non pas sur l'islam mais sur l'idéologie qui gangrène ce pays en ce moment.... 

Il y a là un processus de déshumanisation profondément inquiétant, dès lors qu'il touche des mineures, et qui montre d'ailleurs à quel point l'islamophobie est proche dans ses ressorts de la "logique" antisémite, qui, elle , aussi a toujours justifié l'exclusion et la persécution des Juifs, de tous les Juifs et notamment des enfants, en les déshumanisant et en en faisant l'incarnation d'un danger tangible. 

Parmi les positions de Memorial98 figure l'opposition à toutes les mesures d'exclusion de l'école des jeunes musulmanes ou de tout autre jeune en raison de sa tenue. Voir nos articles : 

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